Haïti s’interroge. Comment refonder une République fracturée, inégalitaire et éloignée de ses citoyens ? Comment écrire une Constitution qui ne soit pas seulement un texte légal, mais un contrat politique vécu, enraciné dans nos territoires et nos histoires ?
C’est à ces questions que nous, chercheur·es du Centre de Recherches Scientifiques (CRS) de l’Institut Universitaire des Sciences (IUS), avons voulu répondre, en lançant une relecture critique et participative de l’avant-projet de Constitution. Deux ateliers ouverts, les 3 et 11 juin 2025, ont permis de faire émerger des propositions concrètes — issues du terrain, des vécus, et des savoirs de la société civile.
1. Trois principes pour une refondation concrète
Notre lecture repose sur trois idées simples, mais puissantes :
Souveraineté partagée : l’État ne peut tout décider depuis le centre. Il doit écouter, co-construire, respecter les territoires.
Justice territoriale : on ne peut parler d’égalité si certaines communes sont invisibles, oubliées des budgets, privées d’écoles ou de soins.
Démocratie participative : voter ne suffit pas. Il faut pouvoir proposer, contrôler, débattre, décider. Tous les jours. Partout.
2. Plus de 100 propositions concrètes
Ce travail ne reste pas théorique. Nous avons proposé plus de 100 modifications ou ajouts au texte actuel, pour :
Reconnaître les Départements et Communes comme co-constructeurs de l’État ;
Garantir un budget équitable entre territoires, grâce à une péréquation obligatoire ;
Créer une fonction publique territoriale et sociale, pour mieux répondre aux besoins locaux ;
Inscrire dans la Constitution le référendum local, le budget participatif, le droit d’initiative populaire ;
Donner une place pleine et entière à la diaspora, à la jeunesse, aux femmes et aux peuples autochtones ;
Ouvrir la République à une solidarité caribéenne active, loin des logiques de dépendance.
3. Une République portée par ses agents de terrain
Refonder l’État, c’est aussi refonder la fonction publique. Aujourd’hui, elle est souvent perçue comme lointaine, lente, déconnectée. Nous proposons un changement de cap :
Une fonction publique d’État, pour la coordination et les fonctions régaliennes ;
Une fonction publique territoriale, proche du quotidien, au service du développement local ;
Une fonction publique sociale, pilier d’une solidarité active, notamment pour les plus vulnérables.
Et maintenant ?
Nous n’apportons pas de solution magique. Mais nous croyons que l’avenir de la République haïtienne passe par une refondation venue d’en bas — des communautés, des citoyen·nes, des territoires.
📎 Télécharger le document complet remis au Comité de Pilotage de la Conférence nationale.
C’est à vous, à nous, de faire vivre ce débat. Parce qu’une Constitution ne peut être imposée. Elle doit être co-écrite.
Avec le peuple.
Par le peuple.
Pour le peuple.